Les Lieux de la représentation

Objectifs

Renouer avec l’inscription du spectacle dans la réalité du quotidien de la cité en prenant en compte les nouvelles pratiques urbaines et sociales. Générer un nouveau public en allant à la rencontre d’une partie de la population qui n’a pas inscrit dans son usage le fait de venir dans un théâtre. Créer le désir pour la population et l’artiste d’être un acteur créatif et actif de son environnement par la prise de conscience de la ville ou de l’habitat en tant qu’espaces des possibles et des partages. Générer pour les artistes et le public, de nouveaux lieux de représentation répondant à de nouvelles formes créatives. Explorer de nouvelles formes de relation entre acteurs et spectateurs.

La ville-théâtre : un espace de liberté

Au delà de la séparation scène – hors scène, considérer plus largement tout espace urbain et architectural comme espace social de représentation et d’usage. au croisement entre réalité du quotidien et réalité fictive, porteur à la fois d’une image et d’une poétique. Il s’agit dans la démarche artistique de s’installer dans différents types de lieux, développer l’écoute pour trouver les « portes » vers un ailleurs, d’autres possibles d’usages, de formes, d’imaginaires : zoomer la réalité du quotidien, la déjouer, l’élargir hors temps-hors lieu.

Le Théâtre : un lieu de passage dans la ville

Le Théâtre est lieu le plus marquant et marqué du passage entre réalité du quotidien et réalité fictive. La scène est une bulle dans ce théâtre dont la noire opacité permet ce temps d’enfoncement pour que se montre tout ce que le consensus d’une réalité nous amène très souvent à ne pas mettre en lumière. Dans le vide tout un monde d’images peut se deployer.

Le lieu générateur des cadres de la représentation

L’émergence de nouveaux possibles d’usage dans un lieu implique la mise en place de nouveaux cadres de la représentation selon deux critères

  • le type de lieu : la rue, l’habitat privé, les entre deux ( espaces d’exposition, commerciaux, bureaux, gare… )
  • la structure du lieu ( le bâti, l’usage, la mémoire ).

La création de ces cadres est inhérente à la composition artistique et permet l’émergence d’une liberté et d’une adaptabilité.

Les cadres de la Représentation générateurs d’une création artistique

Au départ il s’agit de créer une situation particulière en adéquation avec le lieu. Le choix du cadre et du point de vue permettent de trouver sa place en tant qu’acteur et spectateur. Les cadres de la représentation ici et maintenant doivent s’élargir pour intégrer la mémoire du lieu de l’intime au collectif.

Au sein du théâtre les  cadres de la représentation sont établis. Dans tout autre lieu, quels cadres doit-on créer pour permettre l’émergence d’une intimité du moment, partagée entre spectateurs et acteurs : création de spectacles publics dans un espace intime ( accueillir du public chez l’habitant), de spectacles publics dans un espace public et de spectacles intimes dans un espace public ( danser pour une personne dans la rue, un musée, une gare..)

L’architecture de l’espace prend forme  à partir de l’écriture en train de se faire du mouvement de tous les corps investis.

Une contrainte extérieure est celle qui nous est imposée physiquement par le lieu de la représentation et il s’agit de faire de la contrainte du lieu un propos qui se dit, qui s’inscrit dans le corps, qui fait sens dans la globalité d’un parti pris.

Modifier les repères d’usages pour basculer ailleurs

Jouer du dialogue et du décalage au niveau du temps, du rythme, de l’image, de l’espace.

Dans un appartement, lieu du repos, créer un déplacement du public, une déambulation, une mise en mouvement. Dans la rue où la dynamique du flux domine, créer des espaces d’arrêt.

Entre Ville et Nature, quelles passerelles, quelles formes de représentations?

« Nous sommes des vers de terre sur l’asphalte » citation d’Hijikata fondateur du Buto.

Créer des passerelles entre urbanité et nature permet de mettre en évidence à travers les états de corps et la proposition chorégraphique, l’ambiguité de notre condition humaine actuelle qui en fait aussi sa richesse et sa singularité. Nous sommes des individus urbains, dont le corps est socialement conditionné mais nous avons aussi la mémoire lointaine de nos premiers états de corps, celle inscrite dans nos cellules, dans notre ADN, dans notre cerveau reptilien, celle d’un corps en lien avec la nature, le corps de survie, végétal, minéral ou animal,  Nous cherchons, par la danse, à donner à voir et à ressentir à un public la tension entre cette mémoire et le corps social. Des performances sont proposées aussi bien dans un cadre urbain que naturel.

La Nature, le lieu de la non représentation

Danser dans la Nature est essentiel dans le training et les recherches de qualité de mouvement. C’est un enseignement permanent qui permet d’abolir la distinction entre intérieur et extérieur et d’augmenter les capacités physiques de transformation et d’incarnation par un oubli de l’égo : augmenter la conscience cellulaire du corps et la perméabilité de la peau sentir la circulation des énergies environnantes à travers le corps réveiller la mémoire du corps pour atteindre le corps animal, végétal ou minéral en prendre l’apparence pour en atteindre l’essence.